Guerz var ann dud beuzet e kear Johnstown, en Amirik
Etro pemzek hag ugent mil a oa beuzet ennhi d'ann devez diveza a viz mae 1889, euz a greizde da eunn heurComplainte sur les gens noyés dans la ville de Johnstown en Amérique
Entre quinze et vingt mille y ont été noyés le dernier jour de mai 1889, de midi à une heure.par Thierry Rouaud, décembre 2002
Le récit de catastrophes naturelles faisait partie des sujets porteurs que certains auteurs de chansons en breton sur feuilles volantes ne se privaient pas d'exploiter. Si généralement, l'actualité locale était privilégiée, à la fin du 19ème siècle, l'amélioration des moyens de communication donna un accès à des informations beaucoup plus lointaines géographiquement. Cette chanson, composée par le quimpérois Michel Queinec a pour sujet un drame qui s'est déroulé aux Etats-Unis en mai 1889. La ville de Johnstown en Pennsylvanie fut submergée par un torrent de boue provenant d'un lac artificiel dont la digue avait cédé. Près de 2200 personnes périrent et 1600 maisons furent détruites.
Les faits
En 1889, Johnstown était une ville industrielle prospère de 30 000 habitants dont l'activité était principalement la production d'acier. La ville avait été construite au confluent de deux rivières "Little Conemaugh" et "Stony Creek" et les inondations étaient fréquentes. A 22 kilomètres en amont se situait le lac Conemaugh, maintenu par la digue de South Fork achevée en 1852. Le lac et ses abords avaient été achetés en 1879 par un certain Benjamin Ruff pour y édifier un luxueux club privé pour le repos des industriels, le "South Fork Hunting and Fishing Club". L'ancienne digue, mal entretenue, avait été surélevée pour augmenter le volume du lac mais les travaux avaient été effectués à la hâte et sans professionnalisme. L'après midi du 31 mai 1889, après plusieurs jours de fortes pluies, le drame arriva. La pression de l'eau emportât la digue sous les yeux des ouvriers qui avaient en vain tenté de creuser des tranchées pour parer au manque de canal d'écoulement. 20 millions de tonnes d'eau se déversèrent dans la vallée étroite qui surplombaient Johnstown. Les habitants entendirent un grondement et tentèrent de s'enfuir. Gonflée par les débris, une vague haute de 12m balaya les maisons. Un pont de pierre situé en aval de la ville bloqua les débris auxquels les survivants s'accrochaient. Malheureusement, du carburant répandu à la surface de l'eau s'enflamma et une centaine de personnes qui avaient échappé à la noyade furent carbonisées. Après le drame, il y eut des suites malheureusement classiques. Des pillards profitèrent de la situation mais l'armée arrivée assez vite et en fusilla quelques-uns uns, la population en lyncha quelques autres. Le problème de l'hygiène se posa rapidement avec la présence de nombreux cadavres faiblement enterrés. Il y eut un immense effort de solidarité pour apporter secours aux sinistrés sous la forme de vivres, de vêtements, d'assistance médicale et d'argent. Près de 4 millions de dollars furent collectés aux Etats-Unis et à l'étranger au profit des habitants de Johnstown. Les poursuites judiciaires entamées s'enlisèrent dans des querelles d'experts et les responsables du Club de South Fork ne furent pas inquiétés.L'auteur : Mikeal Queinec
Mikeal Queinec (1849-1909), né à Pluguffan, fut employé comme concierge au grand séminaire de Quimper avant de s'établir comme chapelier rue Kéreon en 1898. Joseph Ollivier lui attribue une trentaine de chansons composées en majorité entre 1880 et 1893 et imprimées le plus souvent chez l'imprimeur De Kerangal. Si l'énoncé des titres : crimes, guerres et naufrages ne le distingue pas de nombreux autres compositeurs de chansons sur feuilles volantes, son engagement politique apparaît clairement dans la manière dont il traite et commente les événements. Ses intentions polémiques le poussent souvent à ajouter des textes en prose en dehors de la chanson afin de moduler ou de renforcer ses attaques.
Dans le cas présent, Queinec a puisé sa matière dans la presse de l'époque. Il donne trop de détails, en particulier chiffrés, pour n'avoir composé que d'après un récit oral. Le nombre de morts qu'il annonce est très supérieur à la réalité mais le décompte exact, compte tenu des circonstances, n'a pas été connu immédiatement et il a prit celui donné par les journaux. Connaissant les goûts du public, il s'appesantit sur les détails morbides des pillards qui mutilent les corps pour les voler et des oiseaux qui eux le font pour se nourrir. On peut imaginer qu'il a choisi le drame de Johnstown parce qu'il fait penser à la légende de la Ville d'Ys, elle aussi noyée, et dont la gwerz était particulièrement populaire.
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This site is devoted to breton broadsheet ballads. Brittany is located in the west of France and breton is a celtic language close to the welsh. This ballad about the "Johnstown flood" was created by Mikeal Queinec, housekeeper living in the town of Quimper. He has probably translated french news in breton. Breton broadsheet ballads was a popular litterature used as newspaper for non-french readers. The major subjects was romantic stories, crimes, wars, new fashions. People could buy them in marketplaces, fairs, religious meetings… Production of this litterature, which was appeared in Brittany in the seventeenth century, stopped few years after the Second World War, definitively killed by radio and french newspapers.
You'll find more informations about breton culture on : http://www.breizh.net/ICDBL/saozg/guide.htm#Chapters
Guerz var ann dud beuzet e kear Johnstown, en Amirik
Etro pemzek hag ugent mil a oa beuzet ennhi d'ann devez diveza a viz mae 1889, euz a greizde da eunn heur
Texte intégral en breton Va c'halon ne deo ket tener
Da skriva ec'hiz ma glefer
Eunn darvoud, eur c'holl braz meurbet
A zo enn Amirik c'hoarveetAr c'heleier deut ac'hanho
Lak da skrija nep ho c'hlevo
Pa glevint zo eur geariad tud
Bet beuzet holl hervez ar vrudMil eiz kant nao pevar ugent
Evit roï mad d'e-hoc'h da entent
E miz mae d'ann deiz diveza
Eo bet erruet ann dra-maKear Johnstown ez eo he hano
Nebeud anavezet er vro
Pemp mil den varn-ugent veve
Dre ho labour 'barz er gear-seVar dro kreizde ann dud e ker,
Ne zounjent ket oant en danjer
Hag e vijent enn-hi beuzet
Abarz vije ann heur sonnetVar dro teir leo euz ar gear-ma
Eul lennad dour gounter a oa
Hag en devoa pedir leo hed ;
Kemend all d'he zreuzi oa redBarajou arne ha glao braz
Ann dour el lenn re a greskas
Da genta ar chosser harp mad
Ouz tiz ann dour glask he bilatA nebeud ha neubeud, ar chosser
Gand ar pouez dour ha gand he herr
A grevas koulz laret a-bez
Hag eus kear holl e raï eur bezGand he labour pe o tibri
E kear dinec'h oa pep hini
Ha ne zonjent ket er maro
A ruillou braz zeu varn'ezhoAnn dour fonnus a ziruille
Var e hent pep tra a bile
Kleuziou ha guez a zisplantaz ;
Var gear buan ho c'hasaz !Ann dour a gresk pep minuten
Ann dud a gren enn ho anken
Pignat a reont er zolerou
E bek ar guez, var ann toenouA bep tu oa goelvan ha kri
Gand ann dud paour ia da veuzi
Ann tiez gand trouz a gouezas
Ann dour pep tra kuit a stlejaz !Eunn druez eo hep-ken sonjal
E vije beuzet kemend all
Pe flastret gand ann atrejou
Stlejet gand ann dour ho c'horfouO vont gand ann dour ac'hano
N'oa 'met meubl ha korfou maro
Ha den ebet ne ouio mad
Kount ann dud beuzet el lennadHervez a verk ar c'heleier
Da ugent mil zao ho niver
Ar gear a bez bet diskaret
Ha kollou er vro erruetKredi 're d'ann dud oa digouet
Ann amzer drist euz fin ar bed
Var lerc'h ann dour ann tan grogas
Ar pez a jome a zevasAl laeroun a zeuaz goude
Ec'hiz bleizi var loened goue
Kement tra na oaket devet
Hep mez ebet vije laeretDiviska a rent ar c'horfou
Evit laerez ho dillajou
Ha hirroc'h ia ho c'hrizderi
'Vit na d-a hini ar bleiziTroc'hi a rent memprou ann dud !
Hep mez ebet : hervez ar vrud
'Vit kaout chadennou, goaligner
Var ar biziet a zougerRenket oa digas soudarded
Da ziouall korf ar re veuzet
Enep ann dud fall, ho laere
Gant koutilli ho dispenne !Evit ho difenn diout-ho
E renkjont tenna varn'ezho
Ha krouga eunn nebeud re fall
Da c'hellout spounta ar re allLaboused gouez bandennadou
A gouez ive var ar c'horfou
Hag a zispenn ann dud varo
Gant ho c'hri a dregarn ar vro !Ehan a ran va mignouned
Re drist ann traou-man da glevet
Eur bedennik c'houi a raio
Evit ann dud beuzet eno !Texte intégral en français
Mon cœur ne devient pas sensible
En écrivant comme on le doit
Un évènement, une très grande perte
Qui est arrivée en AmériqueLes nouvelles venues à nous
Font frémir qui les entends
Quand ils entendent que tous les habitants d'une ville
Ont tous été noyés d'après ce que l'on ditEn mille huit cent quatre vingt neuf
Pour bien vous donner à l'entendre
Au moi de mai, le dernier jour
Est arrivée cette chose-làLa ville de Johnstown, c'est son nom
Peu connue au Pays
Vingt cinq mille personnes vivaient
De leur travail dans cette ville-làAutour de midi, les gens en ville
Ne pensaient pas qu'ils étaient en danger
Et qu'ils y seraient noyés
Quand une heure aurait sonnéA à peu près trois lieues de cette ville
Il y avait une retenue d'eau
Et qui avait quatre lieues de long
Et autant pour la traverserDes orages et de fortes pluies
L'eau monta trop dans le lac
Au début la digue tient bon
Contre la poussée de l'eau qui cherche à l'écraserPeu à peu, la digue
Avec le poids de l'eau et sa pression
Creva autant dire en entier
Et de la ville entière fit une tombeAu travail ou en train de manger
En ville chacun était tranquille
Et ils ne pensaient pas à la mort
Qui déferle sur euxL'eau rapidement déferlait
Sur sa route, elle écrasait tout
Elles arrachaient les talus et les arbres
Et les envoyait rapidement sur la villeL'eau monte chaque minute
Les gens tremblent dans leur frayeur
Ils montent dans les greniers
En haut des arbres, sur les toitsPartout il y avait pâleur et cri
Venant des pauvres gens qui se noyaient
Les maisons tombaient avec bruit
L'eau entraînait toutC'est une pitié de seulement penser
Qu'il y en ait eu autant de noyés
Ou d'écrasés par les décombres
Leurs corps entraînés par l'eauS'en allant sur l'eau
Il n'y avait que des meubles et des cadavres
Et personne ne saura jamais
Le compte des gens noyés par le lacComme marquent les nouvelles
A vingt mille se monte le nombre
La ville entière a été détruite
Et des pertes sont survenues dans le paysLes gens croyaient qu'était arrivé
Le triste temps de la fin du monde
Après l'eau, le feu se déclara
Ce qu'il restait brûlaLes voleurs vinrent ensuite
Comme des loups sur les bêtes sauvages
Tout ce qui n'avait pas été brûlé
Sans honte fut voléIls déshabillaient les corps
Pour voler leurs vêtements
Et plus loin va leur cruauté
Que celle des loupsIls tranchaient les membres des gens
Sans aucune honte, d'après ce que l'on dit
Pour prendre les chaînes, les anneaux
Que l'on porte au doigtIl fallut envoyer des soldats
Pour surveiller les corps des noyés
Contre les mauvaises gens qui les volaient
Et qui avec des couteaux les démembraientPour les en défendre
Ils devaient tirer sur eux
Et pendre quelques uns des plus mauvais
Pour pouvoir effrayer les autresLes oiseaux sauvages par bandes
S'abattent aussi sur les corps
Et découpent les cadavres
Avec des clameurs qui retentissent dans le paysJ'arrête mes amis
Ces choses sont trop tristes à entendre
Vous ferez une petite prière
Pour ceux qui s'y sont noyés !
Il existe plusieurs sites américains consacrés à la tragédie de Johnstown. La plupart proposent des photographies d'époque particulièrement impressionnantes ainsi que des récits et des témoignages.
Site officiel de la ville de Johnstown
http://www.johnstownpa.com/History/hist19.html
Site personnel de Ginette Isenberg
http://www.users.voicenet.com/~ginette/flood.htm
Site du Johnstown Flood Museum
http://www.jaha.org/flood/index.htm
Site du Johnstown Flood Memorial
http://www.nps.gov/jofl/home.htm