CHANSONS EN BRETON SUR FEUILLES VOLANTES

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Une chanson publicitaire sur le vin : " Mon Vin / ma gwin "de Charles Rolland

 

Serge Nicolas, mise en ligne le 04/05/06


 

La chanson sur le Coca-cola a déjà été exposée. Abordons maintenant une autre boisson, le vin, au travers d'une chanson publicitaire écrite par Charles Rolland pour les vins d'Algérie. La chanson précédente faisait louange d'une boisson bonne pour la santé, exempte d'alcool. Il faut noter que comme souvent à l'époque, par " alcool " on entendait les alcools forts, pas le vin ; et Dieu sait que cette ignorance a fait des ravages dans le cas du vin qui était, il n'y a pas si longtemps, qualifié de " bon pour l'ouvrier ", sans parler du " pinard " généreusement distribué jusque dans les tranchées.

Circonstances.
L. Raoul note qu'une chanson sur les vins d'Algérie a été composée en 1929 lors d'un concours, et que Charles Rolland a gagné le premier prix devant 2.117 concurrents (op. cit., p. 369). La feuille volante précise d'ailleurs que le premier prix fut " ex æquo " (cf. infra). Il s'agit donc très probablement de ce texte, ainsi localisé dans le temps.
Evidemment, dans le contexte de lutte contre l'alcoolisme, on peut regretter que Ch. Rolland se " mouille " ainsi pour la promotion de vins, qu'ils soient importés ou métropolitains. Là encore, la motivation alimentaire, plus le besoin de renom du chanteur, qui ne doit pas laisser échapper une occasion de se mettre en valeur, sont des ressorts puissants.

La chanson.
Cette chanson n'est pas signalée dans Ollivier. Elle a ceci de particulier qu'elle est en deux versions, une en Français, l'autre en Breton. Le texte précise que le vin est originaire d'Oran, en Algérie. La version française comporte une notation musicale avec partition de piano (il y a en sous titre, " musique de M. Miroux "), et en tête une photo du " barde Rolland ".
La version en Breton est plus traditionnelle de composition et de structure, elle donne comme " timbre " un air traditionnel fort connu, Ar Pillaouer. On peut remarquer cependant que, pour qui connaît le Pillaouer, l'adapter à ce texte est assez difficile.
La chanson en breton comporte 20 couplets, plus un couplet de fin, spécial, avec refrain spécial également. C'est une chanson imprimée chez Boclé à Morlaix, la chanson est donc d'après 1926, date à laquelle Louis Boclé rachète le fonds Le Goaziou à Morlaix (Ollivier, p. 428), ce qui concorde avec la date donnée dans L. Raoul (1929).
Que ce soit en Français, que ce soit en Breton, ce fameux vin est paré de toutes les vertus. A certains moments on en est presque gênés pour l'auteur, en sentant combien il a dû, non pas souffrir quand même, mais au moins se gratter la tête pour " tirer " de tels couplets.
A propos de ces chansons de concours, Ollivier note que Ch. Rolland participait souvent aux concours organisés par l'Union Régionaliste Bretonne, fondée à Morlaix en 1898, et au concours de 1900, Rolland remporte le 3e prix pour une pièce, Ar Vesventi (l'ivresse), cf. Cat. Bibl., p. 344 ; dans laquelle il est difficile de ne pas imaginer comment les vices reliés à l'ivresse étaient critiqués, ce qui rectifie un peu le tir par rapport à ce panégyrique du jus de la vigne.

Serge NICOLAS

Bibliographie :

Dastum : Fonds de feuilles volantes.

J. Ollivier : Catalogue bibliographique de bretonnes sur feuilles volantes , Le Goaziou, Quirnper, 1942.

L. Raoul : Geriadur ar skrivagnerien ha yezhourien, Al Liamm, 1992.

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